Lutte contre la Perruche à collier
La SEOR lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE) depuis très longtemps maintenant, particulièrement contre les rats dans le cadre de la conservation du Tuit-tuit (Lalage newtoni). Elle s’implique à présent dans la lutte contre la Perruche à collier Psittacula krameri. Elle bénéficie aujourd’hui de l'aide financière du FEDER, cofinanceur État et Région Réunion afin de venir aider les autres structures impliquées dans la lutte contre la Perruche à collier (FDC 974, La louveterie, OFB, Réserve Naturelle Nationale de l'étang Saint-Paul et IRI). Sa principale mission autour de ce projet est de prospecter, coordonner et prendre part à la lutte. L’objectif est de localiser les individus, les couples, les éventuels nids et de stopper toute tentative de reproduction. Il est important d’éliminer les individus présents à l’état sauvage avant que la population ne soit trop étendue pour être éradiquée.
La Perruche à collier est une espèce d’oiseaux originaire d’Afrique et d’Asie mesurant une quarantaine de centimètres et pesant entre 100 et 150 grammes. De couleur dominante verte, elle possède un bec crochu, une longue queue et, pour les mâles, un mince collier noir, bleu et rose, qui lui a valu son nom. Elle se repère par ses nombreux cris stridents et un vol battu direct et rapide.
Apprécier comme oiseau de cage, l’espèce a été introduite à La Réunion par l’homme dans les années 1970. Régulièrement observée en milieu naturel depuis son introduction, à ce jour l’espèce est naturalisée, c'est-à-dire qu’elle se reproduit en milieu naturel et constitue une population autosuffisante. En effet, ces dernières années, les signalements d’individus sont de plus en plus fréquents laissant penser que les effectifs de cette espèce sont en augmentation sur l’île.
Reconnue pour être une espèce fortement invasive, elle est devenue envahissante dans plus de 35 pays et est considérée comme l’une des cent espèces les plus envahissantes en Europe. La présence de la Perruche à collier dans le milieu réunionnais peut avoir des impacts délétères d’un point de vue écologique, économique et sanitaire. Elle entre en compétition avec les espèces indigènes (paille en queue, chauve-souris, abeille) pour l’accès aux cavités dans lesquelles elle nidifie. Elle a un régime alimentaire opportuniste et se nourrit de graines, de fruits mais aussi de fleurs et peut entrer en compétition avec les oiseaux endémiques de l’île. Elle consomme des espèces de flore indigène impactant leur succès reproducteur. Elle est également vectrice de parasites et de maladies qu’elle pourrait transmettre à l’avifaune locale. Elle facilite la prolifération d’espèces exotiques végétales en consommant et disséminant des graines. L’espèce peut également entraîner des dommages importants sur les productions agricoles (vergers, maraîchage…).
En 2018, un arrêté préfectoral interdisant le relâché intensionnel ou involontaire d’espèces animales exotiques envahissantes dans le milieu naturel à La Réunion a été pris sur lequel figure la Perruche à collier. En 2021, un second arrêté interdit l’introduction sur le territoire de La Réunion quelque soit l’usage (vente, détention, transport, etc.) d’un grand nombre d’espèces, dont la Perruche à collier, permettant toutefois aux personnes détentrices de conserver leurs animaux à condition de les déclarer (www.espècesinvasives re).
La lutte contre la prolifération d’espèces envahissantes émergentes de faune à La Réunion apparait dans la Stratégie Réunionnaise pour la Biodiversité (SRB), déclinée sous forme d’actions dans le Plan Opérationnel de Lutte contre les Invasives (Action n°25, POLI 2019-2022). Par conséquent, les Perruche à collier présentes dans le milieu naturel à La Réunion sont soumises à un arrêté de destruction depuis le 21 juillet 2020. Cette lutte était au départ coordonnée par l’Office Français pour la Biodiversité (OFB), et depuis 2022 par deux associations : la Société d’Etudes Ornithologiques de La Réunion (SEOR) et Initiative pour la Restauration Insulaire (IRI).
La Perruche à collier se rencontre principalement en milieu urbain, dans les parcs boisés. Si vous apercevez un individu, vous pouvez le signaler à la SEOR (02 62 20 46 65) ou à IRI (06 92 24 58 82) en spécifiant le jour et la localisation. Cela aidera à orienter les prospections et vous participerez ainsi à la conservation de la biodiversité réunionnaise. Il est également possible de signaler une espèce exotique envahissante par l’intermédiaire du portail de Groupe Espèces Invasives de La Réunion (GEIR) à l’adresse suivante : https://www.especesinvasives.re/especes-invasives/faire-un-signalement/
Les espèces exotiques envahissantes représentent une menace majeure pour la biodiversité, particulièrement sur un territoire insulaire isolé tel que l’île de La Réunion. Elles sont la deuxième cause d’extinction d’espèces au monde car plus de la moitié des extinctions sont liées à leurs effets et une extinction sur cinq leur serait directement imputée. Les couts économiques des invasions biologiques sont énormes.
Agir pour prévenir l’installation d’une nouvelle EEE à La Réunion s’avère donc impératif !